Cette opération vise à permettre aux reliques de forêt semi-sèche de retrouver leur dynamique et leur fonctionnalité et d’assurer les services écosystémiques qui leur sont associés : conservation de la biodiversité végétale et animale, protection des sols, services récréatifs etc.
Les travaux à réaliser se répartissent en 2 grandes catégories :
I / Les travaux de lutte contre les espèces végétales exotiques invasives
Les espèces exotiques représentent la principale menace pour les reliques de forêt indigène :
- à court terme car certaines espèces exotiques très agressives comme la Liane papillon (Hiptage benghalensis) sont capables de recouvrir les autres espèces et de rapidement les étouffer. De larges surfaces, désormais monospécifiques, sont ainsi définitivement perdues et il était nécessaire d’agir très rapidement pour éviter que les dernières zones encore plus ou moins préservées ne disparaissent à leur tour dans les prochaines années.
- à moyen et à long terme car elles perturbent fortement la dynamique forestière indigène en bloquant la régénération et en occupant les niches écologiques destinées initialement à des espèces indigènes. Les espèces plus problématiques sont notamment : le Choca vert (Furcraea foetida), très invasif en sous-bois et bloquant toute régénération en recouvrant intégralement le sol ; le Bois caraïbe (Tecoma stans), pionnière avec une grande grande capacité de dispersion grâce à ses samares ; le Faux-poivrier blanc (Rhus longipes), capable d’occuper rapidement et durablement les zones ouvertes, de crête notamment ; ou encore le Z’avocat marron (Litsea glutinosa), espèce très fructifère, capable de rester longtemps en sous-bois en attendant une ouverture du milieu.
Les travaux de lutte contre ces espèces invasives sont fonction du degré de dégradation de la parcelle considérée :
- lutte sur l’intégralité de la surface pour les parcelles les mieux conservées, comprenant l’élimination totale des espèces les plus envahissantes, Choca vert, Liane papillon et Bois caraïbes, et la suppression partielle de celles dont la coupe risque de provoquer des ouvertures trop importantes : Faux poivrier blanc, Z’avocat marron ou Bois noir par exemple.
Il est en effet important de limiter les ouvertures dans le couvert forestier afin d’éviter d’aggraver la situation en provoquant des invasions en cascade (Triolo, 2006).
- lutte uniquement autour des pieds d’espèces rares pour les parcelles les plus envahies. Pour ces parcelles, il apparaît en effet illusoire de vouloir redonner au milieu une véritable dynamique et fonctionnalité, à moins de mettre en œuvre des moyens considérables avec la plantations d’un grand nombre d’individus indigènes pour compenser le manque voire l’absence de régénération des espèces indigènes et « pour cicatriser » les zones où les exotiques ont été enlevées.
Dans ce cas l’objectif est donc plus de permettre aux derniers représentants de certaines espèces de résister à la pression des exotiques environnantes et de produire des semences qui pourront être récoltées et alimenter de futurs programmes de restauration notamment.
Ces travaux de lutte contre les espèces exotiques envahissantes se déroulent en saison sèche, lorsque les plantes sont affaiblies par les conditions hydriques défavorables. Ils se déroulent en plusieurs étapes :
1/ au cours de la première année toutes les espèces sont coupées au sabre, de façon totale ou partielle comme vu plus haut.
2/ au cours de la deuxième année, un passage est prévu pour traiter chimiquement les individus des espèces les plus résistantes. 5 espèces ont été concernées par un tel traitement : Liane papillon (Hiptage benghalensis), Bois caraïbes (Tecoma stans), Faux-poivrier blanc (Rhus longipes), Encens (Schinus terebenthifolius) et Zavocat marron (Litsea glutinosa).
3/ au cours de la troisième année, tous les rejets seront recépés, sans traitement chimique prévu.
Les travaux de lutte entamés lors du projet LIFE+ COREXERUN représentent la première étape d’un processus destiné à se poursuivre sur plusieurs années. A terme, la fermeture de la canopée grâce aux espèces indigènes qui ont été dégagées doit limiter fortement la concurrence et l’implantation des espèces exotiques, en particulier pionnières. D’ici là, des passages réguliers mais de plus en plus espacés dans le temps sont à prévoir dans les années qui suivront la fin du projet afin de limiter la reprise des individus d’espèces exotiques qui auraient survécu et d’éviter le ré-envahissement des parcelles par l’arrivée permanente de nouvelles semences.
II / La plantation d’espèces indigènes et le renforcement d’espèces rares
Ces plantations se sont déroulées :
au sein de certaines parcelles de restauration, où avaient déjà eu lieu des travaux de lutte. L’objectif est de cicatriser des zones ouvertes suite à des interventions humaines ou des événements naturels (incendie), en plantant des espèces communes à croissance relativement rapide, et de renforcer les populations d’espèces menacées d’extinction. Certaines d’entre elles ne sont plus représentées que par quelques individus isolés et ne parviennent parfois plus à se reproduire. L’introduction de nouveaux individus à proximité de pieds d’origine naturelle doit leur permettre de produire à nouveau des semences qui devraient bénéficier des nouvelles conditions de croissance, suite aux travaux de dégagement, pour se développer.
450 individus ont ainsi été replantés en partie haute et 1900 plants seront prochainement replantés dans la ravine de la Petite Chaloupe.
En périphérie d’une parcelle morcelée en plusieurs reliques : l’intérêt est d’aider à reconnecter des poches de végétation indigènes qui sinon resteraient isolées, même si dans ce cas on se rapproche d’un travail de reconstitution, car les individus d’espèces indigènes y sont rares.
5000 individus ont ainsi été replantés en partie haute du site, sur une zone envahie par la Fougère aigle (Pteridium aquilinum).